Club des 600. F.Chakiachvili : « Rouen est mon deuxième club de cœur »
22 Août 2025 11:24 / A LA UNE, ACTUALITÉS

Malgré une saison 24-25 ternie par des blessures, Florian Chakiachvili a dépassé la barre des 600 matchs en Ligue Magnus l’année passée, rejoignant ainsi le symbolique « club des 600 ». A l’aube de la nouvelle saison, le prolifique défenseur des Dragons retrace ses plus beaux souvenirs dans le championnat français, le seul qu’il ait connu jusque-là.
Crédit photo : Stéphane Heude
Depuis la saison passée, tu fais désormais partie du cercle fermé des 14 joueurs avec 600 matchs ou plus en Synerglace Ligue Magnus, toutes phases confondues. Qu’est-ce que cela représente pour toi ?
Je ne savais pas ! Je ne fais pas vraiment attention aux statistiques, mais c’est sûr que c’est cool de passer ce cap. L’important ce n’est pas de participer, mais de gagner. Et je suis content parce que j’ai connu beaucoup de succès collectif dans ma carrière.
Tu te souviens de ton tout premier match ?
Oui, très bien ! C’était contre Villard-de-Lans, et je n’avais pas joué (ndlr : avec Rouen 2009-2010). J’étais super impressionné d’être avec la grande équipe de Rouen. J’étais sur la glace pour l’échauffement et je me rappelle avoir perturbé l’échauffement de Julien Desrosiers et de m’être fait pas mal engueuler derrière (rires). Ce match me permet d’être considéré comme Champion de France. Ça me fait une petite ligne gratuite en plus dans le palmarès, je prends !
Florian Chakiachvili lors de sa première saison à Briançon
Tu as évolué à Briançon entre 2010 et 2015. Que retiens-tu de ton passage chez les Diables Rouges ?
Que des bonnes choses ! Ce sont mes premières années en professionnel. Je suis né à Briançon donc c’était particulier pour moi d’y retourner pour lancer ma carrière. Jouer devant mes proches et avoir du temps de jeu, c’était idéal. J’en garde vraiment de très bons souvenirs.
Tu y a remporté une Coupe Magnus en 2014. Gagner avec le club de sa ville natale est une fierté particulière ?
Oui bien sûr, c’est plus fort ! L’atmosphère était folle dans la vallée, on a vu au fur et à mesure de la saison que le soutien grandissait. On a senti qu’on marquait l’histoire en devenant champion pour la première fois. L’ambiance dans la patinoire était dingue. Je pense qu’il ne faut pas trop regarder la jauge de spectateurs des derniers matchs car je ne suis pas sûr qu’elle ait été bien respectée (rires)… La fête qui a suivi était mémorable aussi.
Florian Chakiachvili soulève la Coupe Magnus avec Briançon (crédit : Stéphane Heude)
Tu as ensuite retrouvé Rouen, où tu joues depuis 10 saisons. Quelle est ta relation avec ce club ?
C’est l’un des plus grands clubs français, si ce n’est le plus grand. Aujourd’hui, Rouen est mon deuxième club de cœur. Cela fait dix ans que je suis là-bas, j’y ai tout vécu et beaucoup gagné. J’ai rencontré ma femme et mes enfants sont nés ici. Beaucoup de joueurs sont devenus des amis, comme Lampérier, Thinel ou Nesa. Je suis très bien ici, et c’est pour ça que je ne suis jamais parti.
Cela explique pourquoi tu n’as jamais tenté ta chance à l’étranger ?
Rouen est une équipe compétitive dans laquelle je me sens bien, où je suis entouré de joueurs qui sont devenus des amis. Certains diront qu’en restant à Rouen, je suis resté dans mon confort. C’est sûrement vrai quelque part, mais j’ai surtout privilégié ma famille en restant malgré les propositions que j’ai reçues pour l’étranger. Je respecte énormément la carrière des gars qui sont partis. Ils auront peut-être une meilleure carrière que moi à la fin, mais je n’échangerais pour rien au monde ce que j’ai construit ici !
Avec 7 titres, tu fais partie du Top 5 des joueurs avec le plus de Coupe Magnus. Devant toi, il y a notamment ton coéquipier Loïc Lampérier avec 8 titres.
J’aimerais finir devant mes potes Loïc Lampérier et Marc André Thinel. On parlait de mon « titre gratuit » en 2010 avec Rouen.. Loïc Lampérier en rage (rires) ! On se chambre pas mal là-dessus. Si on pouvait en gagner un nouveau ensemble, je signe tout de suite.
Tu es un défenseur prolifique, avec un joli total de 343 points durant ces 601 rencontres. Est-ce qu’il y a un but dont tu te souviendras toujours ?
Celui dans la finale de 2014 en match 7 avec Briançon ! Je marque le but du 2-1 si je me souviens bien. Ce but a vraiment débloqué un truc en moi, que je ne saurai pas expliquer. En plus c’était Florian Hardy dans les buts donc j’ai pu le chambrer pendant longtemps derrière (rires). Je m’en souviendrais pour toujours !
Florian Chakiachvili, à droite, et les Dragons après le sacre de 2018 (crédit : Stéphane Heude)
A l’inverse, tu as un souvenir d’un geste défensif en particulier ?
Alors non pour le coup je n’ai pas d’action marquante en tête. Tout le monde sait que je préfère attaquer que défendre (rires).
Tu es d’ailleurs reconnu pour ton apport en powerplay. Quelle a été ta meilleure ligne en supériorité numérique depuis le début de ta carrière ?
Je me rappelle d’une ligne Antonietti – Lampérier – Ritz – Guttig, où l’on prenait beaucoup de plaisir. On a eu également beaucoup de réussite avec Tomasino, Lampérier, Bedin et Perron il y a deux saisons.
Quel est le joueur avec qui tu as formé la meilleure paire défensive et pourquoi ?
J’ai joué pendant plusieurs saisons avec Mathieu Roy, et on s’entendait super bien sur la glace car on se complétait. Je n’ai pas beaucoup joué avec, mais j’ai également apprécié joué avec le défenseur danois Emil Kristensen pendant une partie de la saison 2023-2024.
Comment la Ligue Magnus a-t-elle évolué depuis tes débuts ?
C’est difficile de s’en rendre compte quand tu es au cœur du championnat, c’est un peu comme voir ses enfants grandir alors que tu vis avec eux ! Cela doit être plus facile pour un joueur qui est parti à l’étranger et qui revient. Je dirai que c’est surtout le niveau global qui augmente d’année en année. Avant il n’y avait que Grenoble et Rouen qui pouvaient gagner un titre, alors que maintenant les outsiders prennent plus de poids. Même Briançon a retrouvé des valeurs la saison passée. C’est super pour le championnat, car quand les matchs sont joués d’avance c’est ennuyant pour tout le monde.
En 2016, tu as vécu le passage de 26 à 44 matchs. Comment as-tu vécu ce changement ?
Je n’ai pas vraiment de souvenir particulier de ce passage, il n’a pas drastiquement changé nos vies. Mais je sais qu’on avait l’impression d’être « plus professionnel » et cela a beaucoup contribué à l’évolution du championnat.
Est-ce qu’il y a un entraîneur qui t’a particulièrement marqué durant ta carrière ?
Beaucoup de joueurs répondront la même chose : Luciano Basile. Il a été mon premier coach en professionnel à Briançon. C’est un entraîneur vraiment spécial. Il a été dur avec moi quand j’étais jeune, mais aujourd’hui je le remercie. C’est grâce à lui que j’ai connu l’équipe de France et il a eu impact dans toute ma carrière.
Est-ce que tu te rappelles d’une causerie de vestiaire qui t’a marqué ?
Celle de Marc-André Bernier à Briançon en 2014 avant le match 7. C’était notre capitaine et il avait perdu son père quelques semaines auparavant. Il nous a fait un long discours sur cet évènement, vraiment très émouvant. On avait une équipe déjà soudée, mais cela nous a donné le petit coup de boost supplémentaire pour aller chercher le titre.
Et toi, tu aimes prendre la parole dans un vestiaire ?
Je le fais de plus en plus car cela fait partie de mon rôle à Rouen, mais ce n’est pas quelque chose qui vient naturellement. Avec Loïc Lampérier, on essaye plutôt de détendre l’atmosphère et de veiller à ce que tout le monde se sentent bien au quotidien.
Est-ce qu’il y a un moment que tu aurais voulu éviter durant ta carrière ?
Le pire moment de ma carrière est la descente avec l’équipe de France à Kosice en 2019. C’était vraiment marquant, j’ai mis du temps à m’en remettre. L’été qui a suivi était horrible. Les défaites aux Tournoi de Qualification Olympique sont également difficiles à vivre, parce que ça se joue en début de saison en général, et tu as une énorme déception avant même ta saison en club. Pour te remettre dedans, c’est dur. Quand tu arrives en club, tous les joueurs sont très excités par le début de saison, mais toi tu es toujours déçu de ce que tu viens de vivre, avec tout le focus mental et physique que t’as mis dedans. En Magnus ? Je n’en ai pas de particulier, il faut bien perdre de temps en temps pour apprécier gagner.
Florian Chakiachvili avec le maillot tricolore lors du Mondial 2022 (Crédit : Xavier Lainé / FFHG)
Dans quelle patinoire as-tu préféré évoluer durant ta carrière et pourquoi ?
Incontestablement l’Ile Lacroix. Les supporters sont incroyables, c’est pour moi la plus grosse ferveur du hockey français. La patinoire n’est pas la plus belle mais l’ambiance qu’il y a dedans rattrape tout !
Ton meilleur match ?
C’est difficile pour moi de répondre à cette question, car je me remets toujours en question. Je ne suis jamais satisfait à 100% de mes matchs. Si j’arrivais à te répondre, ça ne serait pas vraiment moi !
Ton pire match ?
Il y en a eu aussi (rires). Mais je dirais qu’il remonte à pas si longtemps, lors de mon retour sur la glace en playoffs contre Amiens après mon protocole commotion. Ce n’était pas une question de niveau, mais de santé. J’ai tenu un tiers, et ça n’allait pas du tout. J’ai compris qu’il fallait arrêter de suite et prendre une longue pause, car ça pouvait être dangereux. Ça va beaucoup mieux aujourd’hui heureusement.
Florian Chakiachvili lors d’un match de pré-saison le 16 août 2025 (crédit : Stéphane Heude)
Florian Chakiachvili en bref
- Né le 18 mars 1992
- Français
- Défenseur
- Carrière en clubs : Rouen (2009-2010), Briançon (2010-2015), Rouen (2015 – Aujourd’hui)
- Nombre de matches en Synerglace Ligue Magnus : 601 (452 en saison régulière, 149 en playoffs), pour un total de 343 points inscrits dont 91 buts
- Palmarès : Ligue Magnus (2010, 2014, 2015, 2018, 2023, 2024), Coupe de France (2013, 2016), Continental Cup (2016)
Les interviews des membres du club des 600
- Sébastien Rohat, 742 matches (Depuis 2003/2004)
- Loïc Lampérier, 707 matches (Depuis 2007/2008)
- Christophe Tartari, 703 matches (2002-2022)
- Clément Masson, 676 matchs (Depuis 2005/2006)
- Robin Gaborit , 613 matchs (2008 – ?)
- Romain Gutierrez, 610 matchs (2009 – ?)
- Kévin Dusseau, 605 matchs (Depuis 2010/2011)
- Julien Correia, 605 matchs (2005 – 2025)
- Damien Raux, 604 matches (2002-2020)
- Gary Lévêque, 603 matches (2002-2020)
- Marc-André Thinel, 602 matches (2005-2020)
- Anthony Mortas, 600 matches (1991-2012)