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Club des 600. Loïc Lampérier : « Continuer à prendre du plaisir »

28 Juil 2023 15:19   /   A LA UNE, ACTUALITÉS

 

Attaquant des Dragons de Rouen et comptabilisant à ce jour sept titres de champion de France, Loïc Lampérier est devenu durant la saison 2022/2023 le septième joueur de l’histoire de la Synerglace Ligue Magnus à franchir la barre des 600 rencontres disputées dans le championnat. A bientôt 34 ans (le 7 août), l’homme aux 650 matchs au sein de l’élite du hockey français se prépare à effectuer sa 17ème saison dans la ligue. Retrouvez notre entretien complet avec le capitaine rouennais, qui compte bien terminer sa carrière « à la maison », à Rouen, là où tout a commencé à la fin des années 2000.

Crédit photo : Stéphane Heude


Tu te diriges vers ta 17ème saison en Synerglace Ligue Magnus. Aujourd’hui, à bientôt 34 ans, quel bilan peux-tu faire sur l’ensemble de ta carrière ?

C’est difficile de faire un bilan quand tu joues encore. Aujourd’hui j’ai juste envie de profiter et de m’amuser au maximum. Je vis l’instant présent, chaque nouvelle saison c’est le début de quelque chose, une nouvelle aventure. A l’heure actuelle je regarde vers l’avant, plutôt qu’à penser à ce qui s’est passé précédemment. 

Quel est le secret de cette longévité ?

La chose primordiale est de prendre du plaisir dans ce qu’on fait, parce que ça permet de faire les efforts qu’il faut pour être compétitif. J’ajouterais également l’esprit de compétition. Pour moi, ce sont les deux choses qui font qu’aujourd’hui je continue à jouer, et qui me poussent à progresser encore. Je n’ai pas l’impression que je vais disputer ma 17ème saison, j’ai plutôt la sensation d’avoir 25 ans et de jouer ma cinquième. Je n’ai pas vu passer toutes ces années ! Chaque saison il y a une nouvelle compétition, avec comme objectif d’aller remporter la coupe. On essaye de former une belle équipe avec une belle ambiance. Chaque année est un recommencement, donc une carrière défile très vite !

En 650 matchs saison régulière et playoffs confondus, tu totalises à ce jour 552 points pour 205 buts marqués. Cette statistique te positionne à la troisième place des meilleurs pointeurs de l’histoire de la ligue. Est-ce que c’est une fierté pour toi de te retrouver à ce niveau là ?

Ce n’est pas quelque chose auquel je pense. Je préférerais gagner une ou deux coupes en plus. Les meilleurs moments que tu gardes en tête, ce sont les trophées remportés et non les performances individuelles. Les souvenirs avec l’équipe sont les plus forts ! Tu te souviens davantage des saisons où tu as gagné à la fin, que des saisons avec tant de points inscrits. Après, être troisième meilleur pointeur de l’histoire, c’est bien ! C’est mieux d’être à cette position que de se situer plus bas dans le classement (rires). 

En cas d’un beau parcours en playoffs la saison prochaine pour Rouen et pourquoi pas un nouveau titre à l’arrivée, tu devrais devenir le joueur du championnat de France qui affichera le plus de matchs en phase finale. Disputer les playoffs, c’est toujours une saveur particulière ?

Les matchs des playoffs, ce sont les rencontres pour lesquelles tu t’entraînes durant toute la saison. Tu construis toute ton année pour vivre ces moments-là. Je suis content d’en avoir joué autant et j’espère qu’il y en aura encore beaucoup d’autres. Ce sont les meilleurs matchs, où il y a de l’adrénaline et où tu sens une saveur différente. Tout peut arriver, il faut rester fort mentalement que tu gagnes ou tu perdes durant la série. 

Tu as remporté la Coupe Magnus à sept reprises avec les Dragons de Rouen. Si tu ne devais retenir qu’un seul titre, lequel choisirais-tu ?

C’est difficile à dire… Comme je l’évoquais, chaque année est une aventure différente. La soulever cette année à Rouen, c’est sûr que c’était un peu plus spécial que les autres titres. Le premier (ndlr : en 2008 contre Briançon) c’est encore autre chose. Tu n’as pas le même rôle vu que tu joues beaucoup moins. Franchement, mes sept sacres ont tous leur propre saveur ! 

Loïc Lampérier sacré avec Rouen en 2018, 2016, 2012 et 2010 (crédit photos : Christian Robaëys/Christophe Delaville)

En revenant sur ton septième sacre d’avril dernier, vous avez été arracher la victoire finale sur un but en prolongation contre Grenoble. Le scénario de cette finale était fou, sachant que vous étiez menés 2-0 dans la série…

La finale ne s’est jouée à rien du tout ! C’est aussi pour ça que ces types de matchs sont les meilleurs. On ressent la pression et l’adrénaline. Quand on refait tout le film de la finale, on voit qu’elle s’est jouée à des détails. Toutes les rencontres étaient serrées et tendues. Lors du match 3, en prolongation, les Grenoblois touchent la barre transversale. S’ils marquent, ils mènent 3-0, et ce n’est plus du tout la même série…

Les Dragons de Rouen vainqueurs de la Synerglace Ligue Magnus en avril 2023 (crédit photos : Stéphane Heude)

Est-ce que tu te vois terminer ta carrière à Rouen ?

Oui je me vois terminer ma carrière à Rouen, bien sûr. Je suis à la maison, j’ai grandi dans cette ville. Ça fait maintenant plusieurs années que je joue chez les Dragons, je ne me vois pas ailleurs qu’ici pour finir c’est évident.

Quel souvenir gardes-tu de ton passage à Briançon, le seul autre club de ta carrière durant les saisons 2010/2011 et 2012/2013 ?

Je garde un très bon souvenir de mon passage à Briançon. C’était un club familial qui m’a permis d’avoir beaucoup de temps de jeu et de progresser. J’y ai fait de superbes rencontres ! 

Loïc Lampérier vainqueur de la Coupe de France 2013 avec les Diables Rouges de Briançon (crédit photos : Xavier Lainé/Stéphane Valembois)

En tout début de saison prochaine tu devrais dépasser le nombre de matchs enregistrés par Christophe Tartari (657) et tu deviendrais justement le deuxième joueur le plus capé de l’histoire de la Synerglace Ligue Magnus. C’est une sensation particulière ?

Ça me fait sentir vieux (rires) ! Non sincèrement, je dispute chaque match avec cette envie de le gagner et de bien faire, donc je ne pense pas aux 600 d’avant. Quand on commence à regarder en arrière, ça voudrait peut-être dire qu’il y a un sentiment de lassitude et qu’il est temps d’arrêter. Avoir atteint ce nombre de matchs, ce n’est même pas une fierté pour moi, je n’y pense pas. Je veux surtout continuer à jouer. 

Le plus capé est ton ex-partenaire Sébastien Rohat, qui comptabilise le plus grand nombre de matchs et qui jouera sa 21ème saison. Tu veux lui passer un message ?

On a joué ensemble à Briançon, j’ai vécu de très bons moments avec lui. Dès qu’on se retrouve sur la glace, c’est un plaisir de se revoir. Vingt ans en Synerglace Ligue Magnus, c’est beau ! Je veux surtout le féliciter et lui dire qu’il gagne un peu moins de face-off la saison prochaine pour nous aider en supériorité numérique (rires). 

Sébastien Rohat (crédit photo : les Rapaces de Gap)

Est-ce que tu te souviens de ton premier match en Synerglace Ligue Magnus ?

Le premier match je ne sais plus, mais je me souviens de mon premier but par contre. C’était à Rouen face à Chamonix, je devais avoir 17 ou 18 ans. A cette époque j’effectuais des petits bouts de match quand la rencontre était presque terminée. Celui-ci, le score était assez large, j’avais marqué le dernier but dans les ultimes minutes. Je m’en rappelle encore très bien.

Si tu devais nous faire un top 3 de tes meilleurs souvenirs, quelle sélection ferais-tu ?

Je dirais d’abord ma première année dans le monde professionnel où j’ai intégré l’équipe A. Je mettrais également le parcours en Champions Hockey League jusqu’en quart de finale lors de la saison 2021/2022 (ndlr : les Dragons de Rouen avaient été éliminés par Tappara Tampere). Enfin, je conclurais par le titre de cette année contre Grenoble. 

A l’inverse, est-ce qu’il y a des moments que tu souhaiterais effacer ?

C’est majoritairement des défaites en finale ! Il y a celle contre les Rapaces de Gap en 2016/2017 (ndlr : victoire des Gapençais en remportant la série 4-2). Je citerais aussi la finale perdue contre les Brûleurs de Loups de Grenoble en 2018/2019, lorsqu’on s’était incliné à l’occasion du septième match. Ce sont essentiellement ces deux moments. Après, évidemment, j’ai eu des blessures comme beaucoup de joueurs dans le championnat, mais ça fait partie du jeu. 

Quels sont les joueurs qui t’ont le plus impressionné, coéquipiers et/ou adversaires ?

Il y a eu plein de joueurs qui m’ont marqué durant toutes ces saisons. Cette année, c’était impressionnant de voir François Beauchemin battre le record de points en Synerglace Ligue Magnus (ndlr : 77 points dont 27 buts), tout comme Christophe Boivin qui a terminé meilleur buteur du championnat (ndlr : 73 points dont 34 buts). Marc-André Thinel, Carl Mallette ou encore Julien Desrosiers sont ceux qui m’ont le plus impressionné lors de mes débuts. 

Y’a-t-il un entraîneur en particulier qui t’a marqué depuis le début de ton aventure dans le championnat de France ?

Chaque entraîneur t’apporte une vision différente et te fait progresser différemment, donc c’est difficile d’en citer qu’un seul. Il y a Fabrice Lhenry (ndlr : entraîneur de Rouen depuis 2015/2016) avec qui j’ai fait pas mal d’années. Quand j’étais jeune, Luciano Basile (ndlr : entraîneur de Briançon entre 2003 et 2014) m’a beaucoup aidé. Il m’a donné ma chance et m’a permis de progresser par la suite.

Fabrice Lhenry et Luciano Basile (crédit photos : Stéphane Heude/Xavier Lainé)

L’après-carrière, c’est dans un coin de ta tête ?

Pas pour le moment (rires) ! Quand je me sentirais prêt, que je verrais que je ne me sens plus performant comme j’ai envie de l’être, je me dirai que c’est le temps de tourner la page. Mais aujourd’hui j’ai envie de continuer à fournir les efforts et je prends énormément de plaisir à le faire. Je me poserai les questions au moment venu. J’ai mon diplôme de kinésithérapeute, mais actuellement je ne me vois pas en dehors du monde du hockey. 

Qu’est-ce qu’on peut te souhaiter pour la suite ?

De continuer à prendre du plaisir et d’être en bonne santé ! C’est le principal !

Entretien réalisé le mercredi 26 juillet


Loïc Lampérier en bref

  • Né le 7 août 1989
  • Français
  • Attaquant
  • Clubs en France : Rouen (2007-2010), Briançon (2010-2011), Rouen (2011-2012), Briançon (2012-2013), Rouen (2013 à aujourd’hui)
  • Nombre de matches en Synerglace Ligue Magnus : 650 (490 en saison régulière et 160 en playoffs), pour un total de 552 points inscrits dont 205   buts
  • Palmarès : 7 Coupes Magnus (Rouen 2008, 2010, 2012, 2016, 2018, 2021 et 2023), 3 Coupes de France (Briançon 2013, Rouen 2015 et 2016), 3 Coupes de la Ligue Magnus (Rouen 2008, 2010 et 2014), 1 Continental Cup (Rouen 2014)

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