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Club des 600. Marc-André Thinel : « Je ne regrette vraiment pas »

27 Juil 2021 12:00   /   A LA UNE, ACTUALITÉS

 

Dans l’histoire du championnat de France élite de hockey sur glace, ils sont six joueurs à totaliser 600 matches ou plus toutes phases confondues. Cet été, nous partons à leur rencontre, avec des interviews qui seront publiées chaque mardi. Après Anthony Mortas la semaine dernière, place à Marc-André Thinel, le Canadien aux 602 matches et 879 points avec son club d’adoption Rouen.

Crédit photo : Stéphane Heude


Vous faites partie des six joueurs à avoir atteint ou dépassé la barre des 600 matches en Synerglace Ligue Magnus, toutes phases confondues. Qu’est-ce que cela représente pour vous ?

C’est un honneur. On n’est que six à l’avoir fait, ça veut dire que j’ai eu une belle longévité. Beaucoup de joueurs passent et repartent de France… Moi je suis arrivé là à 24 ans, je ne pensais pas faire ma carrière ici et au final je travaille encore pour les Dragons ! C’est un plaisir d’avoir joué autant de matches. En y repensant j’aurais aimé en jouer encore plus, mais le contexte sanitaire m’a empêché de bien terminer. J’aurais peut-être atteint les 615 matches au moins. Mais 602 c’est déjà beaucoup, ça fait plaisir de savoir qu’on fait partie des six joueurs à plus de 600 matches !

En 2005, lorsque vous avez traversé l’Atlantique pour rejoindre les Dragons, vous attendiez-vous à rester aussi longtemps ?

Non du tout, c’était un projet à court terme ! Mon meilleur ami Carl Mallette était à l’époque à Rouen et il me chauffait pour le rejoindre… Alors je me suis dit « pourquoi pas » pour une saison, pour s’amuser un peu avec lui. J’ai eu raison de l’écouter : on a pas perdu un match sur la première saison et je ne suis pas reparti après (rires). Mon frère jumeau m’a ensuite rejoint pour la deuxième saison et à partir de là j’ai vraiment pris goût à la vie rouennaise et française. Je ne pensais vraiment pas rester toute ma carrière ici, mais c’est quelque chose que je ne regrette vraiment pas.

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Marc-André Thinel au début de son aventure rouennaise

Qu’est-ce qui a permis une telle histoire entre vous et le RHE ?

Au début j’avais à mes côtés mon meilleur ami, puis mon frère jumeau. Puis année par année je me plaisais de plus en plus, je prenais mes marques dans la ville. Le côté Hockey était bien mais il n’y a pas que ça à prendre en compte dans les choix de carrière. Les Rouennais sont accueillants et c’est une belle ville. Paris est à côté aussi, ce qui est pratique pour aller voir la famille à Montréal ou qu’elle vienne en France. Encore maintenant, j’aime de plus en plus la ville et le pays. J’ai ma famille, mes enfants sont nés ici. Il y avait plein de raisons qui m’ont fait dire « c’est pour moi ».

Avec 879 points au compteur, vous êtes également le 2ème marqueur de l’histoire de la ligue. Quel est le secret pour être autant décisif ?

C’était mon rôle d’être décisif ! Guy Fournier m’a recruté pour faire des points et marquer des buts. Quand tu arrives et que tu as ce rôle tu as forcément un peu de pression, mais ça motive aussi. J’ai souvent eu les mérites, mais les joueurs avec qui j’ai joué ont toujours été énormes. Il n’y a pas vraiment de secret, je suis tombé dans la bonne équipe au bon moment, avec des bons joueurs et entraîneurs. Parfois aussi il y a des matches où tu es moins bien, et le public est derrière toi pour te supporter. Ça pousse à faire de son mieux !

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Animations des supporters rouennais en l’honneur de Marc-André Thinel (Crédit photo : Stéphane Heude)

Un entraîneur vous-a-t-il particulièrement marqué ou apporté durant votre carrière ?

Je pense en premier à mes entraîneurs en Junior au Canada Alain Rajotte et Mario Durocher. Surtout Alain Rajotte, qui m’a pris à 16 ans en Junior Majeur, ce qui n’était pas commun. Il m’a beaucoup appris, surtout sur l’éthique de travail et la discipline. En France j’ai bien aimé Alain Vogin, qui mettait toujours de l’intensité dans ses discours aux entraînements ou pendant les matches. Quand tu le voyais, tu ne pouvais pas ne pas être motivé ! C’est très important pour un coach. Sa rage de vaincre était communicative, j’avais les frissons quand il parlait parfois. Je me disais face à lui « Je ne veux pas être celui qui va te faire perdre ». Je retiens Rodolphe Garnier aussi, il savait dire les choses quand c’était le moment. J’ai également beaucoup de respect pour Fabrice Lhenry, mon dernier coach. Ce n’était pas évident car on a joué ensemble cinq ans sur la glace et il a su s’adapter rapidement. Passer de joueur à coach, en plus avec la même équipe, c’est pas facile et il l’a parfaitement réussi. Au final, j’ai jamais eu de soucis avec mes coachs, je les ai toujours bien aimés (rires) !

Vous poursuivez maintenant l’histoire avec les Dragons en tant qu’entraineur-adjoint. Vous imaginez une aussi longue carrière derrière le banc ?

Non ! (rires) Mais on ne sait jamais car ça me plait beaucoup actuellement. Ça m’a permis de faire la transition de fin de carrière plus facilement. On entend souvent les histoires de joueurs fraîchement retraités qui s’ennuient car ils n’ont plus de « groupe ». Je n’ai pas connu ça comme je suis encore dans un collectif. Mais pour la suite de ma carrière, je me vois plus dans un rôle proche de celui de Guy Fournier avec du management. Ça m’intéresse plus encore que le coaching, même si j’adore ça. Je galère un peu à bien communiquer avec les joueurs : comment faire ? Pourquoi le faire ? J’ai toujours appris de façon naturelle, seul, donc c’est difficile d’apprendre à quelqu’un quelque chose qu’on a appris de façon autonome. J’essaye d’amener mon expérience quand même, mais je cherche parfois mes mots. Je pense aussi ne pas être assez sérieux pour être entraîneur, j’aime trop rigoler avec les joueurs (rires). Pour l’instant j’aime beaucoup mon rôle d’adjoint de Fabrice Lhenry. Je m’occupe notamment du powerplay de l’équipe et j’y prend beaucoup de plaisir, c’est une phase de jeu hyper intéressante. Mais plus tard, je m’orienterais plutôt vers du management.

S’il ne devait en rester qu’un, quel serait le meilleur souvenir de votre carrière ?

Toutes les Coupes qu’on a gagnées ici ! Mais si je devais choisir, ce serait ma troisième Coupe Magnus, celle de 2010, contre Angers en finale. Nous avions perdu les deux premiers matches à domicile et gagné les deux suivants à Angers. Le match 5, décisif, était à l’Ile Lacroix et c’était la folie (ndlr : la série se jouait alors au meilleur des 5 matches) ! Je n’avais jamais vu autant de monde à la patinoire. La première Coupe Continental que l’on gagne est aussi un formidable souvenir avec un week-end magique. C’était serré jusqu’au dernier match, où il fallait gagner de trois buts pour remporter la Coupe… On a galéré pendant le match mais on y est finalement parvenu, avec des supporters bouillants derrière nous.

Marc-André Thinel présentant la Coupe Magnus aux supporters rouennais en 2018 (Crédit photo : Stéphane Heude)

À l’inverse, quel moment auriez-vous voulu éviter de vivre lors de ces 15 saisons ?

J’ai perdu beaucoup de finale de Coupe de France aux tirs au but, ça fait toujours mal. Je n’ai jamais trop aimé les tirs au but, mais bon c’est le format de la Coupe et c’est comme ça pour tout le monde. Plus globalement, j’aurais voulu éviter chaque défaite ! J’ai toujours détesté perdre. On s’est bien trouvé avec le club car ici à Rouen la victoire est obligatoire : tu commences une saison pour viser le titre. Il faut faire comprendre aux nouveaux arrivants ou aux jeunes que si tu portes les couleurs rouennaises, c’est pour gagner chaque match et jouer sur tous les tableaux.

Entre votre arrivée en 2005 et aujourd’hui, comment la Synerglace Ligue Magnus a-t-elle évolué ?

L’évolution est énorme. Je suis arrivé des ligues américaines et canadiennes où le Hockey était bien développé, donc j’ai vu la différence de professionnalisme. D’année en année le niveau s’est vraiment amélioré. Après ce n’est pas le sport national ici, donc ce n’est évident pour personne. La Fédération fait un bon boulot. On peut bien sûr ne pas être d’accord de temps en temps… Mais ce n’est pas facile, c’est un sport difficile à gérer. C’est beau d’avoir des idées mais il y a peu de budget dans le hockey et il faut s’adapter. Elle le fait bien. Le Hockey a énormément évolué en positif depuis mon arrivée et j’ai bon espoir que ça continue encore sur la même lancée.

Dans quelle patinoire avez-vous préféré évoluer durant votre carrière et pourquoi ?

Au Canada il y en a des pas mal… Mais ici en France, bien sûr l’Ile Lacroix ! J’ai eu de la chance d’être du bon côté donc c’était plus facile (rires). Peu importe l’affiche, les supporters sont derrière l’équipe à fond et ça fait la beauté de cette patinoire. J’ai toujours adoré jouer à Épinal aussi. Je détestais aller là-bas à cause du déplacement mais l’ambiance était franchement super. Dès que le match commençait on oubliait un peu où on se trouvait à cause du bruit, j’adorais ça !

Marc-André Thinel lors de son dernier match à l’Ile Lacroix (Crédit photo : Stéphane Heude)

Entretien réalisé le mardi 13 juillet


Marc-André Thinel en bref

  • Né le 24 mars 1981
  • Canadien
  • Attaquant
  • Club en France : Rouen (2005-2020)
  • Nombre de matches en Synerglace Ligue Magnus : 602 (439 en saison régulière et 163 en playoffs), pour un total de 879 points inscrits dont 325 buts
  • Palmarès : 8 titres de champion de France (Rouen 2006, 2008, 2010, 2011, 2012, 2013, 2016, 2018), 2 Continental Cup (2012, 2016), 3 Coupe de France (2011, 2015, 2016), 4 Coupe de la Ligue (2008, 2010, 2013, 2014)
  • Trophées individuels : Trophée Charles Ramsey (2007, 2008)
  • Fonction actuelle: entraîneur-adjoint des Dragons de Rouen

 


Les membres du club des 600

  • Sébastien Rohat, 658 matches (Depuis 2002/2003)
  • Christophe Tartari, 653 matches (Depuis 2003/2004)
  • Damien Raux, 604 matches (2002-2020)
  • Gary Lévêque, 603 matches (2002-2020)
  • Marc-André Thinel, 602 matches (2005-2020)
  • Anthony Mortas, 600 matches (1991-2012)