Club des 600. Nicolas Arrossamena : « Je suis pleinement satisfait de ma carrière »
30 Août 2024 11:48 / A LA UNE, ACTUALITÉS

Nicolas Arrossamena a mis un terme à sa carrière après seize saisons en Synerglace Ligue Magnus et plus de 600 matchs au compteur. L’ancien attaquant de l’Hormadi s’arrête avec le sentiment du devoir accompli.
Crédit photo : Anglet Hormadi
Tu as décidé de raccrocher les patins au terme de ta 16ème saison en Synerglace Ligue Magnus, après avoir atteint et dépassé la barre symbolique des 600 matchs de championnat… Qu’est-ce que ça représente ?
Beaucoup de travail et de fierté parce que je suis heureux d’avoir joué aussi longtemps au haut niveau. Je n’y aurais pas cru au début de ma carrière. J’ai senti que c’était le moment de m’arrêter parce qu’il y avait des plus jeunes qui arrivaient et que j’avais des nouveaux projets de vie avec notamment un petit garçon. Les contraintes commençaient à prendre le dessus sur le plaisir donc j’ai préféré mettre un terme à ma carrière professionnelle.
332 points en carrière, parfaitement répartis entre les buts et les assistances (166), qu’est-ce que ça montre ?
Ça montre que je ne suis ni un passeur ni un buteur mais un joueur complet. Je peux jouer dans les deux sens de la patinoire, marquer des buts, faire des passes et créer du jeu.
Tu as découvert l’élite française en 2008. Quels grands moments de ta carrière retiens-tu ?
J’ai eu la chance d’évoluer dans les gros clubs français. Ça m’a permis de connaître de grands noms du hockey français qui ont œuvré pour la notoriété de notre sport et qui sont encore des piliers de Synerglace Ligue Magnus, notamment Sacha Treille. J’ai pu faire le championnat du monde avec Christobal Huet, Fabrice Lhenry, Vincent Bachet, Baptiste Amar, Laurent Meunier… Ma longévité m’a permis de voir éclore des jeunes joueurs bourrés de talent.
Y a-t-il des moments que tu voudrais au contraire oublier ?
Non, je n’ai aucun regret. Il y a des moments dans ma carrière dont je suis un peu moins satisfait mais c’est comme ça, ça fait partie de mon cheminement. Ça m’a permis de grandir en tant qu’homme et en tant que joueur. Je rentre dans la vie active avec un beau bagage technique donc je suis vraiment pleinement satisfait du déroulement de ma carrière.
Plus de quinze ans au haut niveau, comment on garde la forme sur la durée ?
Il faut beaucoup de rigueur, surtout l’été. L’hiver, il y a le hockey alors on fait attention mais pendant les beaux jours, tout le monde veut faire des barbecues, sortir, profiter… Derrière, il faut vite se remettre au diapason, surtout qu’aujourd’hui, la Synerglace Ligue Magnus, c’est 44 matchs. C’est beaucoup plus contraignant que quand j’ai commencé en 2008. Il y avait 26 matchs, c’était moins professionnel que maintenant.
Nicolas Arrossamena avec les Brûleurs de Loups de Grenoble, contre l’Etoile Noire de Strasbourg (crédit photo : Brûleurs de Loups de Grenoble)
Les hockeyeurs ont souvent la bougeotte, tu n’as pas fait exception au début de ta carrière. Tu t’es finalement inscrit sur le long terme à Anglet. Peux-tu revenir sur l’ensemble de ton parcours ?
J’ai commencé à Grenoble, où c’était très compliqué au début. Quand je suis arrivé en cadets, juniors, il fallait que je m’intègre dans le groupe. Ensuite, l’équipe élite était difficile d’accès parce qu’il y avait Sacha Treille, Kévin Hecquefeuille… Cette génération arrivait aux portes de l’équipe de France et commençait à pousser les anciens vers la sortie. Il y avait aussi Baptiste Amar et Eddy Ferhi. C’était un groupe vraiment dense, ce n’était pas facile de faire sa place. À l’époque, ce n’était pas comme aujourd’hui, on faisait moins confiance aux jeunes.
Je sentais que je stagnais un peu alors que je voulais avoir des responsabilités et continuer de progresser. Donc je me suis dirigé vers Gap (ndlr : 2013), où Ari Salo m’offrait cette opportunité. Ça m’a plu, je suis resté deux ans. J’ai fait une année avec Ari puis une avec Luciano Basile, où on a été champions (ndlr : 2014-2015). J’ai vraiment apprécié travailler avec Luciano Basile, ça m’a beaucoup apporté, que ce soit sur le plan personnel ou professionnel.
Je voulais me prouver à moi-même que j’étais capable de retourner dans une équipe du Top 4 donc j’ai fait un an à Rouen (ndlr : 2015-2016). Une grosse machine à gagner. Mais j’ai eu le sentiment d’avoir moins de responsabilités. Forcément, puisque l’année où je suis arrivé, il y avait Dany Sabourin, Jason Krog, Sacha Treille, Yorick Treille, Marc-André Thinel, François-Pierre Guénette… Ils étaient plus mis en avant.
Je voulais rejouer les premiers rôles donc je suis parti à Épinal (ndlr : 2016) et ça s’est mal passé. Le club commençait à couler donc je suis parti. J’ai fait deux ans à Angers, où ça s’est bien passé. Il fallait ensuite que je me pose à un endroit pour commencer à construire une famille. Côté hockey, je voulais apporter mon expérience, mon savoir-faire et la rage de vaincre qu’on m’a transmis à Rouen, Grenoble et Angers. J’ai choisi Anglet (ndlr : 2017), qui montait en Synerglace Ligue Magnus. Je m’y suis beaucoup plu. Les valeurs du club me correspondaient vraiment. J’ai terminé ici au terme de six saisons.
Tu n’es jamais revenu dans un club où tu avais déjà mis les pieds, pas de regrets ?
Non, pas de regrets là-dessus parce que je partais du principe que si je revenais dans un club où j’avais déjà joué, c’est que la boucle était bouclée. J’aurais fait un an ou deux avant de raccrocher les patins. J’ai toujours cherché de nouveaux projets. Je pense qu’avec des contrats de huit ou neuf mois renouvelables, ce n’est pas possible de rester longtemps à un endroit.
Tu as remporté trois Coupes Magnus, ont-elles toutes la même saveur ?
Oui, bien que j’ai eu des rôles différents selon les clubs. Lorsque j’ai gagné la première avec Grenoble (ndlr : 2009), j’étais tout jeune, c’était beaucoup d’excitation. Pour les deuxième et troisième, à Gap et Rouen (ndlr : 2015 et 2016), j’avais un peu plus participé à notre succès. Je suis vraiment content de ma carrière.
Un autre joueur a atteint les 600 matchs dans l’élite cette saison, c’est Kévin Dusseau. Vous avez joué ensemble au début de votre carrière, à Grenoble, durant deux saisons. Quelle relation entretiens-tu avec lui ?
On a une très bonne relation avec Kévin. Quand il est arrivé à Grenoble, on s’est rapproché rapidement et ensuite on a toujours eu une entente très amicale. Là, il est à Bordeaux donc on n’est pas très loin. J’entretiens de bonnes relations avec tous les joueurs que j’ai pu côtoyer.
En seize ans de carrière, tu as vu passer du monde, quels joueurs t’ont marqué ?
Beaucoup de joueurs m’ont marqué. Parmi les étrangers, beaucoup de Rouennais, Krog notamment. Chez les Français, ceux que j’ai côtoyés le plus : Antonin Manavian, Sacha et Yorick Treille. Je les ai connus quand je suis arrivé à 15 ans à Grenoble. On s’est liés d’amitié. Eddy Ferhi, Antonin Manavian, Baptiste Amar m’ont aidé à passer le cap pour devenir professionnel. J’apprécie beaucoup Loïc Lampérier, qui est là depuis longtemps. Ici, j’ai découvert un peu plus Thomas Decock. J’en oublie certainement…
Et au niveau des entraîneurs ?
Au niveau des entraîneurs, Luciano Basile. J’ai vraiment aimé travailler avec lui. Fabrice Lhenry m’a également apporté beaucoup de choses, du fait de sa grande carrière. C’était top aussi avec Ari Salo à Gap.
Que t’ont-ils apporté ?
Luciano Basile apporte le côté rigueur, travail et abnégation. Il arrive à nous faire accepter le rôle que l’on a au sein de l’équipe. C’est sa marque de fabrique, sa force, ce qui a fait qu’il a gagné avec des clubs aux budgets modérés, qui n’étaient pas destinés à aller si haut. Il t’apprend à relativiser et à ne pas penser qu’au hockey. Ça peut paraître paradoxal venant d’un coach mais ça te permet de te concentrer vraiment sur ta performance. Ari Salo inculque lui aussi la rigueur et le travail à ses joueurs. Fabrice Lhenry se démarque grâce à sa carrière de joueur.
Qu’est-ce qui a évolué en Magnus entre tes débuts et la fin de ta carrière ?
Le nombre de matchs a évolué, ce qui a professionnalisé les clubs. Il y a beaucoup plus de vidéo, le hockey s’est grandement modernisé avec les nouveaux appareils, notamment pour surveiller la fréquence cardiaque. Cela a fait progresser la préparation physique. Les déplacements aussi ont évolué pour améliorer le confort des joueurs.
Par rapport à quand j’ai commencé, les salles de musculation sont plus fournies, nous n’avons plus à rougir des pays voisins. Le travail est beaucoup plus qualitatif et la recherche est bien plus importante. Le jeu est plus rapide et le profil des joueurs a changé. Avant, il fallait être costaud, désormais il faut être plus rapide, plus explosif. C’est un changement qu’on peut également voir en NHL et ailleurs en Europe.
Es-tu déjà plongé dans ton après-carrière ou profites-tu de ton temps libre ?
Pour le moment, je profite un peu de mon temps libre. J’ai tout de même obtenu un CAP plomberie. Mais je ne vais peut-être pas complètement arrêter le hockey afin d’aider les U20 et faire quelques matchs avec eux pour les encadrer, leur donner des pistes pour progresser. Je regarde avec mon groupe de potes qui jouait en D3 – et maintenant en D2 – pour avoir deux ou trois lignes. Je vais rester proche des patinoires, surtout que mon fils a attaqué le hockey l’année dernière.
Donc finalement, on devrait te voir continuer un peu…
Oui, je ne vais pas m’arrêter complètement, parce que je pense qu’on ne peut pas s’arrêter comme ça du jour au lendemain. Le projet, si on est plusieurs anciens, est de ne pas faire tous les matchs mais plutôt un roulement pour encadrer les jeunes. Je ne veux pas faire trois matchs par semaine puisque j’aimerais bien commencer à changer de vie.
Te vois-tu plus tard être entraîneur ou, comme tu l’as dit, tu as passé un CAP pour un peu changer de vie ?
Non, entraîneur je ne pense pas car à mon avis c’est encore plus de travail que pour un joueur. À court et moyen terme, ce n’est pas dans mes plans. Donner un coup de main aux gamins, aux entraîneurs sur la glace, de temps en temps, pourquoi pas.
Si tu devais nous faire le six partant avec les meilleurs joueurs avec lesquels t’as évolué, ça donnerait quoi ?
En prenant seulement des joueurs français, Baptiste Amar et Antonin Manavian en défense. Dans les cages, Eddy Ferhi. En attaque, je mettrais Sacha et Yorick Treille et Loïc Lampérier. Si j’étais coach, ça pourrait être ma première ligne.
Questions pêle-mêle
Te souviens-tu de ton premier match en Synerglace Ligue Magnus ?
Non, je ne m’en souviens pas du tout.
Et le premier but ?
Il me semble que c’est à Strasbourg (ndlr : 18 octobre 2008), une déviation entre les jambes de Vladimir Hiadlovsky, sur une passe de Ludek Broz.
Ton meilleur match en Synerglace Ligue Magnus ?
Un match marquant dans lequel j’ai vraiment apporté alors que j’étais tout jeune : Briançon – Grenoble, en finale lors de la saison 2008-2009. Cette saison-là, avec les Brûleurs de Loups, on remporte le match des champions, la Coupe de France, la Coupe de la Ligue et le championnat. On ne pouvait pas faire mieux !
Ton pire match en Synerglace Ligue Magnus ?
Quand tu perds, ce n’est pas terrible. Je n’en ai pas un en tête plus qu’un autre.
Ta meilleure saison ?
C’est celle à Gap avec Ari Salo. Je réalise ma meilleure saison en termes de buts et de points (ndlr : 28 points dont 17 buts en 26 matchs).
Ta pire saison ?
Ça dépend en partie du rôle que tu as dans l’équipe. Il peut y avoir des saisons décevantes en termes de points mais si c’est dû au rôle que t’a donné le coach, ce n’est pas pour autant que tu as raté ta saison. Avec Luciano Basile, j’ai marqué un peu moins de points mais j’ai eu un rôle un peu plus défensif. J’étais notamment présent sur les infériorités numériques en fin de match. Donc ça se voit moins que les points mais c’est presque plus important.
Ton plus beau but ?
Contre Grenoble, avec Gap, en play-offs. Je marque mais le but est refusé. Sur l’engagement suivant, je remarque à nouveau. Cette fois-ci c’est validé. Le paradoxe, c’est qu’en célébrant, je me casse la main. C’est mon plus beau but mais aussi celui qui se termine le moins bien. Heureusement, la fracture ne m’a pas empêché de finir les play-offs et on finit champions.
Ton plus beau souvenir ?
Ce sont les trois coupes Magnus, parce que c’est le championnat. Ce sont des moments dont il faut profiter parce qu’on ne sait pas quand on va la regagner.
Que peut-on te souhaiter pour la suite ?
De réussir dans ma vie professionnelle en dehors du hockey. Puis je continuerai d’aller voir les copains à la patinoire de La Barre.
Nicolas Arrossamena en bref
- Né le 9 janvier 1990
- Français
- Attaquant
- Clubs en France (uniquement Synerglace Ligue Magnus) : Grenoble (2008 à 2013), Gap (2013 à 2015), Rouen (2015-2016), Epinal (2016-2017), Angers (2017-2018) et Anglet (2018 à 2024)
- Nombre de matches en Synerglace Ligue Magnus : 636 (511 en saison régulière et 125 en playoffs), pour un total de 332 points inscrits dont 166 buts
Les interviews des membres du club des 600
- Sébastien Rohat, 742 matches (Depuis 2003/2004)
- Loïc Lampérier, 707 matches (Depuis 2007/2008)
- Christophe Tartari, 703 matches (2002-2022)
- Clément Masson, 676 matchs (Depuis 2005/2006)
- Kévin Dusseau, 605 matchs (Depuis 2010/2011)
- Damien Raux, 604 matches (2002-2020)
- Gary Lévêque, 603 matches (2002-2020)
- Marc-André Thinel, 602 matches (2005-2020)
- Anthony Mortas, 600 matches (1991-2012)